Le jeune métallier, installé au sud de Nancy, à Frolois (54), est porté par la passion, l’audace et l’amour du travail bien fait. À chacun de ses projets, il relève le défi de la création.

Un dernier coup de ponceuse avant l’application d’une couche de vernis qui en préservera l’aspect originel et le protégera de la corrosion. Bientôt, cet ours grandeur nature, facetté de métal, trônera dans le salon d’un particulier dans l’agglomération nancéienne ! « C’est le plus gros projet que j’ai jamais réalisé », raconte son créateur, Émilien Godfroy. « Ça représente près de 300 heures de travail ! » Si l’imposante sculpture animalière n’est pas sans évoquer certaines créations d’Orlinski, le jeune métallier explique qu’en réalité, il est parti « d’un origami en 3D représentant un ours ». La réalisation des plans a été confiée à un Français installé au Danemark, qui a modélisé les pièces composant l’animal. « Nous sommes passés ensuite à la découpe des plaques en acier de 2 mm. Il n’y en a pas deux identiques ! » Puis à leur assemblage par soudure sur un exosquelette en partant de la colonne vertébrale. « On a soigné les détails. La truffe et les yeux sont rigoureusement polis, tandis que le ponçage sur le corps permet de donner au métal l’aspect d’un pelage. » L’animal possède aussi une langue, des dents, des griffes et, dissimulé à l’intérieur de la gueule… un décapsuleur !

Le bois avant le métal

L’ours de métal dégage une incroyable énergie, à l’image de son créateur. Étonnant parcours en effet que celui d’Émilien Godfroy. 28 ans seulement, et déjà mille vies ! « J’ai créé ma première entreprise à 18 ans pour commercialiser du bois de chauffage. » Avant de devenir métallier, installé à son compte depuis quatre ans, il a suivi une formation en… menuiserie. « Je voulais être agriculteur, mon père a préféré que je me dirige vers les métiers du bois. Mais j’aimais déjà beaucoup souder. Et d’ailleurs, chaque fois que j’allais en stage, c’est ce qu’on me demandait le plus souvent de faire ! » C’est ainsi qu’il a abandonné le bois pour le métal après plusieurs petits boulots et l’achat de son premier poste à souder et d’une scie.

" Par principe, je ne dis jamais non "

L’avenir lui a donné raison car l’entreprise, installée à la campagne à Frolois, aux portes du Saintois, au sud de l’agglomération nancéienne, affiche un carnet de commandes chaque jour plus rempli. « J’ai commencé à travailler avec des cuisinistes pour lesquels j’ai fabriqué des verrières et du mobilier. » Il a su aussi relever quelques défis, comme un très complexe escalier à double quart tournant et limon débillardé. « Je n’avais jamais fait ça auparavant ! » La satisfaction des clients, pour l’essentiel dans le bassin nancéien, même si des chantiers ont conduit le jeune homme en Franche-Comté et même à Paris, pour l’agencement de commerces, a fait le reste. « Par principe, je ne dis jamais non. Il ne faut pas se donner de limites, car il y a toujours une solution », confie Émilien Godfroy. Même s’il doit passer des nuits à cogiter sur ses projets dans lesquels il imprime à chaque fois sa patte, avec par exemple des formes de pointes et de flèches. Une signature !

" J’aime ce qui n’est pas commun !"

Depuis la création de l’entreprise, sise à l’origine dans le garage familial, la métallerie s’est déplacée dans un hangar voisin, au cœur même du village auquel Émilien est particulièrement attaché. Il souhaiterait davantage développer son affaire. Comme beaucoup de professionnels, il dit se heurter à la difficulté de trouver une main-d’œuvre motivée. Rien cependant de nature à l’arrêter dans son élan ! Lui qui souhaite aussi développer la partie artistique de son travail et conquérir le monde avec ses réalisations. « J’aime ce qui n’est pas commun ! » D’ailleurs, sitôt l’ours installé dans son nouvel habitat, il se préparait à la création d’un gorille de 4 m de haut !

www.facebook.com/Metallerie-Godfroy (Source : Bruno SUSSET - Le Républicain Lorrain)