La réforme des lycées professionnels qui laisse plus de temps pour les jeunes en entreprise suscite des résistances. L’école n’a pas fini de régler ses comptes avec « le marché ».  

On pourrait penser que cette expression relève des années soixante. Or, il n’en est rien. Face à la réforme des Lycées professionnels engagée par le gouvernement il y a bien une levée de boucliers des opposants avec cet argument : faire des élèves de la « chair à patrons ». Passer plus de temps en entreprise avec des stages rémunérés (50 à 100 euros la semaine) que sur les bancs de l’école équivaut selon eux à céder « aux intérêts du patronat ». Que les jeunes lycéens s'immergent dans le milieu professionnel reviendrait donc à agir « en fonction des besoins du marché ». Lequel « marché » est, aux yeux des réfractaires, « maléfique et opprimant ». Loin de nous l’idée de généraliser cette attitude à l’ensemble du corps enseignant.

Dialogue rompu

Il n’en demeure pas moins que les mots me manquent pour expliquer le schisme entre l’école et l’entreprise. Le dialogue reste rompu entre les deux. Comment peut-on encore imaginer qu’un dirigeant de métallerie ait l'obsession de « surexploiter des enfants et de s’en mettre plein les poches » ? Car c’est bien cette vision qu’ont les opposants à la réforme. Pour eux, un jeune heureux de son parcours en entreprise serait donc nécessairement un « collabo du patronat ». Les opinions doivent changer, car sans la collaboration justement des enseignants, il ne peut y avoir d’effet d’entraînement. Cette réforme utile irait dans le mur. Avant d’accueillir des lycéens aux portes ouvertes, les dirigeants feraient donc bien d’expliquer d’abord leur métier et leur quotidien aux enseignants et personnels administratifs des lycées.